CINÉMA - Des strass, des paillettes, des plumes et des froufrous, pour cacher la détresse et les fêlures. Pamela Anderson est l’actrice principale du nouveau long-métrage contemplatif de Gia Coppola (petite fille de Francis Ford Coppola) en salles ce mercredi 12 mars. Dans The Last Showgirl, l’ex-bimbo étonne avec un rôle tout en nuances. Et ce n’est pas elle qui, véritablement, étincelle.
Le film de Gia Coppola, dont vous pouvez voir la bande-annonce en tête d’article, se déroule à Las Vegas. Shelly (Pamela Anderson) est danseuse dans une revue mythique du Strip, Le Razzle Dazzle, depuis plus de 30 ans. Lorsque les patrons du casino décident d’y mettre fin, sa vie s’effondre. Le film suit son quotidien pendant les 15 jours qui précèdent le dernier show, entre déni, colère, accablement et envie de rebondir. Sherry n’est cependant pas la seule à subir la fin du Razzle Dazzle.
Mary-Anne campée par Brenda Song, danseuse confirmée déjà blasée par son métier, se montre défaitiste. La très jeune Jodie, jouée par Kiernan Shipka (déjà vue dans Sabrina) apprend quant à elle immédiatement les chorégraphies sexy d’un autre spectacle de danse exotique. Eddie, le régisseur incarné par Dave Bautista est dépité et triste.

Et puis il y a Annette, interprétée par Jamie Lee Curtis. L’ancienne danseuse, devenue une serveuse alcoolique accro aux jeux, est le personnage le plus attachant du long-métrage. Avec sa teinture rousse vieillissante, son maquillage grossier et ses décolletés plongeants, la sexagénaire est à la fois pétillante et profondément touchante.
Des protagonistes figées dans le passé
Elle est le miroir déformant dans lequel refuse de se voir Shelly. Jamie Lee Curtis, oscarisée en 2023 pour Everything Everywhere All at Once, offre une performance poignante, celle d’une femme de caractère brisée par ses addictions. Une femme qui persiste, elle aussi, à vivre dans le passé, même si ses heures de gloire sous les projecteurs sont terminées depuis longtemps.
Une scène est particulièrement symbolique. Alors qu’elle est en tenue de serveuse, Annette monte sur un petit podium entre les machines à sous, et danse avec passion tandis que résonne Total eclipse of the heart de Bonnie Tyler. Les yeux fermés, elle ignore les regards réprobateurs ou circonspects des clients, et semble presque en transe.

Annette incarne en réalité à elle seule le message du film. Derrière le vernis brillant et les lumières aveuglantes des casinos de Las Vegas, il y a des strass en plastique et des anonymes en souffrance. Et surtout des femmes, attirées par le besoin de briller malgré l’intransigeance du métier, vibrant de pouvoir se tenir sur scène devant des spectateurs si peu nombreux soient-ils, et la possibilité d’être admirées, de faire rêver et pourquoi pas, d’être aimées. Des femmes qui laissent filer les années et les opportunités, comme prisonnières de cet idéal que représente Las Vegas.
D’une durée d’1h30 à peine, The Last Showgirl est un film contemplatif sur la fin d’une époque et la violence du sentiment de nostalgie, l’importance de la famille biologique et de celle que l’on se crée. C’est aussi une succession de diapositives en sépia sur le contraste entre les apparences et la réalité, le spectacle et les coulisses, ce qu’on montre et ce qu’on ressent au fond. Un contraste que Las Vegas illustre peut-être mieux que n’importe quel autre lieu au monde. Cette ville qui ne dort jamais et où, peu importe qui sera laissé sur le bas-côté, le spectacle doit continuer « The show must go on ».
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